Mecarõ : L’Amazonie à la collection Petitgas à MO.CO.

Après de longues semaines d’interruption, « Mecarõ – L’Amazonie dans la collection Petitgas » est à nouveau accessible. Il le restera ainsi jusqu’au 20 septembre au MO.CO. Hôtel des collections à Montpellier. C’est un des événements majeurs du moment qui marquera probablement le paysage culturel de cet été 2020.

Mecarõ. L’Amazonie dans la collection Petitgas est la première présentation institutionnelle de la collection de Catherine Petitgas. C’est une figure clé de la reconnaissance de l’art contemporain d’Amérique Latine en Europe, qui collectionne depuis une vingtaine d’années. Sa collection rassemble aujourd’hui plus de 900 œuvres. L’exposition présentée au MO.CO. Hôtel des collections propose une sélection de plus de cent œuvres d’une cinquantaine d’artistes du bassin amazonien. L’exposition met donc en lumière les relations entre les artistes et leur environnement social, économique et mental.

En partie détruite par les incendies durant l’été 2019, l’Amazonie couvre 6,7 millions de km2 . Il s’agit d’une région naturelle s’étendant sur neufs pays (Brésil, Bolivie, Venezuela, Colombie, Equateur, Pérou, Surinam, Guyana et Guyane française). Reconnue pour son bassin hydrographique, sa forêt tropicale et la richesse de sa biodiversité. Comment les acteurs (humains et non humains) de cet écosystème atteignent-ils un équilibre nécessaire pour leur survie dans le contexte géopolitique actuel ? Comment définir un environnement artistique à partir des conditions d’existence et des comportements des êtres vivants qui l’habitent ?

« Mecarõ » est une proposition remarquable à plus d’un titre. Cela par la qualité des œuvres qui sont exposées, mais aussi par leur magistrale présentation et par la manière très intelligente dont elle interpelle les visiteurs.

Le texte de présentation du projet souligne :

« En partie détruite par les incendies durant l’été 2019, l’Amazonie couvre 6,7 millions de km2. Il s’agit d’une région naturelle s’étendant sur neuf pays (Brésil, Bolivie, Venezuela, Colombie, Équateur, Pérou, Surinam, Guyana et Guyane française). Reconnue pour son bassin hydrographique, sa forêt tropicale et la richesse de sa biodiversité. Comment les acteurs (humains et non humains) de cet écosystème atteignent-ils un équilibre nécessaire pour leur survie dans le contexte géopolitique actuel ? Comment définir un environnement artistique à partir des conditions d’existence et des comportements des êtres vivants qui l’habitent ? »

L’ambition de l’exposition

Il affirme également l’ambition de mettre « en lumière les relations entre les artistes et leur environnement social, économique et mental » à partir de la centaine d’œuvres sélectionnées dans la collection Petitgas.

Sans conteste, « Mecarõ » atteint pleinement ces objectifs. Ainsi le parcours est très habilement construit. Après une installation immersive olfactive et sonore d’Oswaldo Maciá, dans une lumière jaune safran. Celle-ci fait transition avec la ville, l’exposition s’articule donc en quatre séquences :

Une présentation du «Contexte historique » se développe dans les quatre salles de l’Hôtel de Montcalm. Et ainsi, avec des œuvres des années 1960/1970 qui dialoguent avec celles d’artistes contemporains.

Mecarõ – L’Amazonie dans la collection Petitgas. MOCO Hôtel des collections. Photo Marc Domage

Le premier plateau du nouveau bâtiment de l’Hôtel des collections évoque avec « Pourriture et renaissance : les mutations urbaines ». C’est l’habitat urbain et les stratégies de survie, à travers la notion de « gambiarra » (bricolage en portugais). Là où «l’esprit créatif se nourrit à la fois du chaos de l’environnement urbain et de la nature exubérante, en mutation perpétuelle »…

Mecaro. Amazonia in the Petitgas Collection, MO.CO. Hôtel des collections, 2020, Photo Marc Domage

Avec « Cosmologie amazonienne », le second plateau présente les problèmes actuels du bassin amazonien, notamment la déforestation ainsi que les effets du colonialisme.

Mecarõ

Sous le titre « Féminisme tropicale », la présentation des œuvres exposées au dernier plateau s’organise autour d’une étonnante installation sous forme de salon de coiffure, mais aussi de bar à ongles de Sol Calero.

Mecarõ

Mecarõ : Scénographie conçue par le duo de créateurs montpellierains Mr. & Mr.

La diversité des œuvres retenues pour l’exposition – couleurs, formats – a été l’élément déclencheur d’une collaboration avec des scénographes.

Ensuite, le travail du studio montpellierain Mr. & Mr. – Alexis Lautier et Pierre Talagrand – ressemble à un work in progress permanent au service d’une idée récurrente : « architecturer des projets à partir d’une idée folle ». Le duo raconte ainsi des histoires, poétise les fonctionnalités de l’objet et apporte un imaginaire qui reste connecté aux besoins quotidiens.

Mobilier et parcours des visiteurs

Mr. & Mr. a été retenu pour intervenir sur le mobilier, et sur le parcours des visiteurs à travers les œuvres. Ils proposent ainsi une signalétique composée de matériaux naturels, où prédomine le liège.

Très réussi, l’accrochage joue avec élégance, sobriété, mais surtout intelligence des dispositifs scénographiques conçus par le duo de créateurs montpelliérains Mr. & Mr.

L’équilibre œuvre-espace-visiteur

Il est incontestable que l’arrivée de Vincent Honoré dans l’équipe du MO.CO a donné un souffle nouveau aux expositions présentées à La Panacée et ainsi aujourd’hui à l’Hôtel des collections. On avait remarqué la très inspirée « Permanente » qu’il avait imaginée avec Caroline Achaintre pour la rentrée 2019.

Rien n’est forcé, mais tout est à sa juste place. Les œuvres disent ce qu’elles ont à dire et ne sont jamais au service d’un discours ou bien d’une théorie pour l’expliquer, l’illustrer ou la démontrer.

Mecarõ

Avec des moyens sobres, discrets et efficaces, la scénographie construit des espaces et des perspectives qui s’intègrent parfaitement dans les volumes de l’Hôtel des collections. Sans ostentation, elle réussit à en briser la géométrie orthogonale et contribue ainsi sans aucun doute à l’équilibre œuvre-espace-visiteur. La multiplication des points de vue, l’harmonie des couleurs des cimaises et le choix d’un liège sombre pour les socles, les trottoirs de mise à distance et pour le mobilier offrent aux œuvres et aux regardeurs les conditions d’un échange fécond.

Mecarõ
Mecarõ – L’Amazonie dans la collection Petitgas – MO.CO. Hôtel des collections, 2020, Photo Marc Domage


« Mecarõ » est une des rares expositions qui sait mettre le visiteur au centre de son dispositif et à lui laisser la place d’interprète d’une partition sur laquelle il a la liberté d’improviser s’il le souhaite.

En savoir plus :

Sur le site du MO.CO.
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À voir également cet entretien avec Catherine Petitgas dans la série Meet the Collectors mis en ligne par Art Basel en juin 2019

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